SISM 2018, Bondy La relation parents-enfants lorsqu'un proche souffre de troubles psychiques interviews dr N. Pommepuy (Ville-Evrard) et pr Baubet (APHP)
Journaliste
Dans le cadre des 29èmes semaines d’information sur la santé mentale, l’hôtel de ville de Bondy a accueilli une rencontre publique le jeudi 22 mars. Au menu de la matinée : témoignages, conférence et table ronde autour du thème parentalité-enfance avec cette question : comment mieux prendre en charge les enfants de parents atteints de troubles psychiques, une problématique trop souvent délaissée.
Noël Pommepuy
« Je dirais qu’elle est tombée dans un fossé entre la psychiatrie de l’enfant, la psychiatrie adulte et le champ du travail de la protection de l’enfance, etc… parce qu’en fait chacun y travaille mais un peu dans son coin.
Nous même, nos institutions ont du mal à faire une sorte de famille ensemble pour travailler tous ensemble autour de ce problème. Je dirais ce n’est pas un tabou c’est une sorte d’angle mort en fait. On a du mal à le prendre en compte. »
Journaliste
Pourtant les enfants sont évidemment impactés par la maladie mentale de leurs proches mais cela n’est pas toujours facile à déceler et implique une bonne formation des soignants.
Thierry Baubet
« Il y a des situations où l’enfant exprime de la détresse sous différentes formes, de l’angoisse, de la tristesse, des difficultés scolaires, etc…
Et puis il y a aussi des situations dans lesquelles les enfants sont ce que l’on pourrait appeler « hypernormaux » c’est-à-dire parfaitement lisses, s’occupant de leurs parents parfois comme des infirmiers ou des thérapeutes et ce sont des enfants qui s’oublient eux-mêmes et qui vont parfois être mis en difficulté plus tard.
Le plus important sans doute pour que l’enfant vive le moins mal possible la maladie de son parent c’est de lui expliquer ce qui se passe, lui expliquer que son parent est malade, qu’il n’est pas fâché contre lui, que ce n’est pas la faute de l’enfant mais aussi que le parent ne le fait pas exprès et que les gens qui peuvent s’occuper de ce problème là et le résoudre ce sont les docteurs et pas l’enfant. »
Journaliste
Importante pour le patient et sa famille, une meilleure prise en charge des plus jeunes l’est aussi pour l’ensemble de la société.
Hélène Davtian
« Ces enfants-là qui n’ont pas été aidés, qui ont été très très impactés par la souffrance psychotique de leurs proches : soit le parent, le frère ou la sœur, ça a des effets délétères à l’âge adulte bien évidemment et ça a un coût social.
Je pense qui si l’on mettait un peu plus d’argent sur la prévention, la société et surtout ces enfants ... et ces malades s’en porteraient beaucoup mieux.
Je prône des lieux où les jeunes concernés par la maladie d’un proche peuvent venir sans qu’un regard diagnostic soit posé d’emblée sur eux puisque c’est la peur de ce regard qui fait qu’ils ne consultent pas donc il faut créer des espaces tiers sur la question de la famille en psychiatrie. »
Journaliste
La rencontre professionnelle du 22 mars à Bondy a réuni des parents mais surtout des professionnels de santé, du social et de l’éducation. Au total, plus de 200 personnes étaient présentes