Pourquoi créer l’IHSEA ? Comment fonctionne l’institut ? Le Dr Stavy partage ses attentes et ses exigences : « pas de professeurs-thérapeutes ». Témoignage.
C’est vraiment à partir de ce que nous faisions déjà avec l’unité clinique pour adolescents, de soirée et de nuit, que s’est imposée à nous cette urgence de créer un institut hospitalier soins-études pour des lycéens en difficulté, mais pour qui poursuivre des études est crucial. Bien entendu les effectifs sont très réduits, bien entendu les professeurs sont des professeurs de l’Education Nationale ayant le véritable souci de permettre à ces adolescents une scolarité dans toutes ses lettres de noblesse. Mais en même temps, et pour une année scolaire entière minimum, des soignants sont là pour assurer le plus singulier de l’aspect clinique de ce qui amène un adolescent à venir dans cet établissement.
Cela ne se voyait jamais. Puisqu’au fond, ce qui se passait la plupart du temps, c’est tout à fait l’inverse : il y avait souvent des enseignants dans les structures pour adolescents, hospitalières, mais le souci était, le plus rapidement possible, qu’ils retournent au lycée pour ne pas perdre trop de temps et retrouver au fond ses coordonnées scolaires normales. Ce qui fait que les adolescents étaient souvent ballotés comme ça, entre un pôle hospitalier réduit à sa plus simple expression au niveau de la durée pour ne pas grever la poursuite des études de l’adolescent, et un circuit universitaire ou scolaire, qui lui-même était toujours amputé des moments où il fallait ré hospitaliser. Ça donnait au fond des adolescents et mal soignés et mal éduqués, au sens n’ayant pas une possibilité vraiment de trouver un champ scolaire dans la durée. Et c’est ce que, précisément, permet, au contraire, l’institut soins-études, où les adolescents sont pour une année scolaire minimum.
Les professeurs font leurs conseils de classe, jouent leurs partitions de manière absolument autonome, nous en avertissent bien sûr, peuvent nous parler des adolescents concernés à chaque fois qu’ils le souhaitent, mais comme je le disais tout à l’heure, pas de professeurs-thérapeutes, c’est eux qui savent ce qui est, passer à la classe supérieure ou devoir au contraire redoubler. Et nous avons les mêmes pourcentages à peu près que dans un lycée normal, alors que le profil bien sûr des étudiants concernés est tout autre. Mais, nous en sommes encore au tout début, loin de moi l’idée de laisser entendre que ça y est, c’est une expérience dont on aurait tiré tous les tenants et les aboutissants. Nous sommes là, à notre manière, élèves de notre propre initiative que nous avons…(fin manquante)