Odette Waks
« J’ai commencé la psychiatrie en 1957 et j’ai terminé en 1997. J’ai vécu ces premières années dans l’atmosphère quand même étouffante de l’asile, il faut bien le dire où chaque profession était étroitement structurée, les médecins, psychiatres, les infirmiers et les patients et très peu d’échanges entre ces différentes couches. Et là la psychiatrie de secteur a fait voler en éclats toute cette hiérarchie un peu étouffante et qui était assez mortifère. »
Guy Pierret
« Je vais essayer de vous raconter enfin vous faire vivre un peu une journée de travail d’un infirmier psychiatrique dans les années 60. Le matin, il y avait les prises de sang et on avait des anciens infirmiers et des grands costauds qui nous disait « tu vas apprendre à faire des prises de sang », je disais « oui mais comment ? ». Il tirait sa manche comme ça pour piquer l’infirmier pour nous montrer. Il fallait franchement être sur place et être très débrouillard, on était très polyvalent, savoir faire la vaisselle, laver par terre, cirer le parquet, faire les piqures. C’est différent heureusement maintenant. »
Serge Cholet
« En 1968, pendant quelques mois, j’ai travaillé dans un pavillon qui était fermé. Mr Bayon doit s’en rappeler, c’était le même patient qu’il évoquait tout à l’heure Michel. Quand en 1968 on décide d’ouvrir le pavillon CAC qui était un pavillon fermé, Michel prenait un malin plaisir à enjamber le grillage de la cour pour venir devant la porte, sonner pour qu’on lui ouvre la porte qui était déjà ouverte. Ça a duré tout un temps mais c’était passionnant. »
Gilbert Léon
« Nous avions, André Roumieux, Maurice Mallet et moi-même à cette époque, une idée particulière de ce que devait être la SERHEP. La première démarche a été de récupérer tous les éléments pouvant nous apporter une meilleure compréhension de cette histoire. Alors tout était bon, les objets, les photos, les papiers, les rapports de service, les témoignages, anecdotes et autres. Je récupérais tout ce qui pouvait se récupérer. Et c’est vrai qu’à l’intérieur de ces dossiers, c’est là qu’on se rend compte de la pratique réelle, la pratique infirmière en fonction des décennies. Elle a terriblement bougée. En fonction des soignants, en fonction de leur parcours, on peut dire précisément à quelle époque ils ont travaillés.